David Hickson

Grande-Bretagne – sociologue
Courant : approche par le contexte

David Hickson est entré dans la recherche organisationnelle par une porte latérale. Après une dizaine d’années de travail comme employé, il s’inscrit dans un master de management de personnel à l’université de Manchester (Grande-Bretagne) pour l’obtention duquel il réalise sa première enquête sur les systèmes de paie des ouvriers d’une usine de batterie de voitures. Grâce à ce master in research, il obtient un poste d’assistant de recherche dans un programme de recherche de sociologie industrielle lancé par Tom Lupton au Technical College de Birmingham, prédécesseur de l’université d’Aston. Là, il rencontre Derek S. Pugh qui enseigne dans le Department of Industrial Administration du même college, et qui est engagé par T. Lupton pour conduire le programme de recherche.

Ensemble, ils fondent le Industrial Administration (I.A.) Research Unit le 1er Janvier 1961 : le groupe d’Aston est né et durera jusqu’à la fin des années 1960. Après huit années d’un travail acharné sur la caractérisation du contexte structurel des organisations (les dimensions organisationnelles de la bureaucratie) et sur l’explication de son évolution (le programme Aston), David Hickson est devenu un chercheur internationalement renommé. Il accepte un poste à l’Université d’Alberta et y mène une nouvelle recherche sur le pouvoir au sein des organisations industrielles, dans laquelle il part du modèle d’analyse du pouvoir de Michel Crozier pour développer une « strategic contingeny theory of intra-organizational power »</i>.

De retour en Grande-Bretagne, D. Hickson devient professeur à la School of Management de l’université de Bradford et lance une vaste étude sur la prise de décision dans les grandes organisations, analysant 150 processus de décision dans 30 organisations en Grande-Bretagne. Par la suite, D. Hickson de nouveau en collaboration avec Derek Pugh, désormais à la London Business School, s’est intéressé de plus près à l’interaction entre cultures nationales et styles de management, partiellement au moins en réponse au malentendu qu’il perçoit dans la réception d’un de ses articles les plus cités «The culture-free context of organization structure: A Tri-National Comparison ». Comme le raconte D. Hickson: « Nous avons publié un article, le plus connu, intitulé je pense « The Culture-Free Context of Organization Structure » dans Sociology, la revue britannique du champ. Et depuis lors j’ai été considéré non seulement comme un théoricien de la contingence et une sorte de maniaque scientiste, mais aussi comme quelqu’un qui a dit que toutes les organisations sont partout identiques. Et cet article est cité […] pour avoir affirmé qu’elles sont toutes pareilles, qu’il n’y a pas d’effets dus à la culture. Nous avons seulement dit qu’il y a un contexte qui est a-culturel, voulant dire que la taille et la technologie sont indépendantes de la culture, que dans toutes les sociétés les effets notamment de la taille sont identiques. Cela veut dire qu’avec la croissance vient la bureaucratisation, que ce soit au Japon, en Suède, en Inde ou en Pologne, elles ont toutes été étudiées, une douzaine de pays, et c’est pareil. Mais tout le reste s’explique par la culture polonaise, ou indienne ou japonaise, évidemment ! Je suis un théoricien de la culture, si vous voulez, du moins à mes yeux. » (Entretien avec Erhard Friedberg, 2006)

Outre son rôle éminent dans le développement de la recherche sur les organisations, D.Hickson a aussi contribué de façon notable à la création et à la professionnalisation d’un milieu de recherche sur les organisations et le management en Europe : il a été un membre fondateur de EGOS (European Group for Organizational Studies) et le premier rédacteur en chef de la revue internationale de recherche Organization Studies, ainsi qu’un membre fondateur de l’Académie britannique du management.

David J. Hickson est aujourd’hui Professeur émérite de Management International et Organisation à la Bradford School of Management en Grande-Bretagne.