Herbert A. Simon

1916-2001

économiste américain
Courant : L’approche décisionnelle

Herbert A. Simon est l’inventeur du concept de « rationalité limitée ».
Il explique dans cette vidéo comment il s’est intéressé à ce sujet.

Pour H. Simon, une théorie de l’administration ne peut se passer d’une analyse de la décision qui, à ses yeux, a été trop longtemps négligée au profit de la seule étude de l’action en organisation.

Pour lui, construire une théorie administrative revient, d’une part, à se donner les moyens de comprendre les choix antérieurs aux actions, d’autre part, à analyser les principes d’organisation qui garantissent les bonnes décisions.

Dans Administrative Behavior (paru en 1945), il développe pour la première fois, mais systématiquement et de façon quasi aboutie, sa théorie de la prise de décision dans l’organisation administrative, et cela constitue, en fait, une véritable théorie de l’administration entendue comme « l’art de faire faire les choses ».

L’inventeur du concept de rationalité limitée

En 1949, H. Simon est nommé professeur au Carnegie Institute of Technology (Pittsburg). Tout d’abord, il y enseigne l’administration, puis la psychologie avant de s’orienter vers les sciences informatiques. Il est le moteur du développement d’un groupe de recherche (appelé groupe de Carnegie) qui réunit des professeurs déjà reconnus comme Richard Cyert, James March et Harold Guetzkow, avec des étudiants qui menèrent par la suite des recherches décisives en théorie des organisations comme Oliver Williamson et William Starbuck. En 1958, H. Simon publie avec J. March un livre mondialement connu dans son champ, Organizations, dans lequel est explicité le comportement humain dans les organisations.

À partir de la synthèse d’un grand nombre de travaux portant sur les comportements individuels, provenant de sources variées (praticiens de l’entreprise, psychologues, sociologues, économistes, politologues…), les auteurs distinguent trois grands courants dans la théorie des organisations, qui chacun contribuent à donner des clés de compréhension du comportement dans l’organisation. Le premier est le courant classique qui considère l’individu comme un « agent d’exécution » ; un second ensemble de recherches place au centre les « motivations et attitudes » de l’individu ; un troisième, moins développé, analyse l’individu sous un angle cognitif, comme un être doté d’une rationalité. Dans le livre, les dimensions affectives et cognitives sont liées et considérées comme étant toutes deux à l’origine des choix réalisés par les individus. Les auteurs, à travers le concept de rationalité limitée, mettent en avant le caractère indissociable de ces dimensions pour comprendre les comportements des individus dans les organisations.

En s’entretenant avec H. Simon, on comprend rapidement que le véritable choc intellectuel de ce scientifique infatigable a été sa rencontre avec l’informatique aux débuts des années 1950. Dès cette époque, H. Simon imagine pour l’informatique d’autres utilisations que celles du calcul et se met à travailler au modèle cognitif de la résolution de problèmes par l’intelligence artificielle. Ce qui le conduit, en collaboration avec Allen Newell à inventer en 1955 une première « machine pensante ». Il devient alors rapidement l’un des spécialistes de l’intelligence artificielle et écrit de nombreux ouvrages sur le sujet. Il a continué à travailler dans la perspective ouverte alors, et a fait de Carnegie-Mellon, son université, un des grands centres de l’intelligence artificielle dans le monde.

Personnalité exemplaire, H. Simon a obtenu le prix Nobel d’économie en 1972.